« Il vaut mieux être chrétiens sans le dire que le dire sans l’être »
sentence de saint Ignace d’Antioche
issu de « Heureux les cœurs purs » : Première méditation de Carême du p. Cantalamessa
Je viens de lire une meditation de careme que j`ai envie de partager car je pense qu`elle peut etre source de discussion entre les "religieux affiches" dont je fais partie, les "religieux caches" et les autres. J`avoue qu`elle m`a fait reflechir sur ma propre attitude et je vais surement m`en servir pour base lors de ma prochaine discussion avec un Abbe, car je crois que notamment en ouvrant un blog on prend le risque de l`hypocrisie ...
EDIT : cheranneso, je ne prends pas mal du tout votre reaction, c`est simplement que dans nos blogs nous ne montrons que le meilleur de nos actes en attendant de cela des reactions positives de nos lecteurs. Ces commentaires chaleureux nous font problablement penser que nous sommes meilleurs que nous le sommes en realite et nous pousse dans la voie de rechercher ces compliments. C`est tres ambivalent je trouve. Pas vous ?
EDIT BIS : Vos commentaires sont tres riches MERCI. Je poursuis donc a votre suite :)
Je vous livre quelques extraits, la totalite de la meditation se trouve a portee de clic.
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Nous avons vu que pour Jésus, la pureté du cœur ne s’oppose pas, tout d’abord, à l’impureté mais à l’hypocrisie. Un défaut très courant chez l’homme et qui est pourtant si peu confessé. Il y a des hypocrisies individuelles et des hypocrisies collectives.
L’homme – écrit Pascal – a deux vies : sa vraie vie et une vie imaginaire, qui vit dans l’opinion, la sienne ou celle des autres. Nous travaillons sans cesse à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. Si nous possédons une vertu ou un mérite, nous nous empressons de le faire savoir, d’une manière ou d’une autre, pour enrichir notre être imaginaire de cette vertu ou de ce mérite, quitte même à nous en passer, pour lui ajouter quelque chose, jusqu’à accepter parfois d’être lâche pour sembler courageux et de donner même sa vie pourvu que les gens en parlent (10).
Cette tendance à donner plus d’importance à l’image qu’à la réalité – mise en lumière par Pascal –, est fortement accentuée par notre culture actuelle, dominée par les mass media (film, télévision et monde du spectacle en général). Descartes dit : Cogito ergo sum, je pense donc je suis ; mais aujourd’hui on tend plutôt à remplacer cela par « je parais, donc je suis ».
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L’hypocrisie trompe surtout les personnes pieuses et religieuses et la raison en est simple : là où l’estime des valeurs de l’esprit, de la piété et de la vertu (ou de l’orthodoxie !) est particulièrement forte, la tentation de les exhiber pour ne pas en sembler privé, est également forte. C’est parfois notre propre fonction qui nous pousse à le faire. « Or, comme l’intérêt de la société humaine – écrit saint Augustin dans les Confessions – y fait un devoir de l’amour et de la crainte, l’ennemi de notre véritable félicité nous presse, et par tous les pièges qu’il sème sous nos pas, il nous crie : Courage, courage ! Il veut que notre avidité à recueillir nous laisse surprendre ; il veut que nos joies se déplacent et quittent votre vérité pour se fixer au mensonge des hommes ; il veut que nous prenions plaisir à nous faire aimer et craindre, non pour vous, mais au lieu de vous » (15).
L’hypocrisie la plus pernicieuse serait de cacher… sa propre hypocrisie. Dans aucun schéma d’examen de conscience je ne me souviens avoir trouvé la question : « Ai-je été hypocrite ? Me suis-je préoccupé davantage du regard des hommes sur moi que de celui de Dieu ? » A un moment donné de ma vie, j’ai dû introduire moi-même ces questions dans mon examen de conscience et j’ai rarement pu passer indemne à la question suivante…
Bon Dimanche